lundi 26 mars 2007

Top navrance #5 : aux sources du talent



"Elle danse Marie", "Aimons nous vivants", "Mon pote le DJ", "Dream in blue"… c'est un collier de perles qu'aura enfilé, le long de sa fastueuse carrière, l'inestimable François Valéry.
Des tubes hédonistes, taillés pour le dancefloor, mais dotés d'un "parler vrai", un sens de l'authenticité que ne renierait pas Michel Sardou.
Cette franchise, on la retrouve ici, alors que François revient sur la genèse de sa vocation, payant son tribut à la figure tutélaire qui lui a révélé son destin : "Tu m'as donné l'envie d'être un artiste (Delon)" est la chanson-hommage du disciple à son maître.
Je ne m'attarderai pas sur les paroles de ce joyau et ses inattendues métaphores cinématographiques, si ce n'est pour évoquer une difficulté textuelle que le Poète a dépassée ici avec maestria. Comment fait-on pour s'adresser avec la déférence qui lui est due à un individu qui parle déjà de lui-même à la troisième personne ? L'emploi par François Valéry de la troisième personne suggérerait une familiarité avec l'Idôle qui pourrait être jugée grossière et malvenue.
La solution proposée consiste à multiplier les pronoms qui portent sa marque, les dédoubler pour suggérer Son importance, produisant cette habile tournure : "un Ami à qui je viens Lui dire ce soir…".
Et puis il y a ce final émouvant, recueilli, comme un secret qu'on ose à peine sussurer... comme cette chanson, en somme, qu'on aimerait bien pouvoir ne garder que pour soi...

jeudi 22 mars 2007

Riche Lorraine



C'est dans un grenier, dans la maison parentale, dans les riants paysages de la Moselle industrielle, et dans un état de bouillonnement créatif spectaculaire qu'oeuvre le jeune homme mystérieux dont je voudrais vous parler aujourd'hui. Musicien fantasque, chanteur haut-perché, arrangeur foutraque lourdement marqué par la pop américaine des années 70, l'animal enregistre en moyenne-fidélité des chansons remplies de mélodies ensoleillées, d'harmonies sophistiquées et de clins d'oeil aux plages californiennes.
Son nom de scène est "Kids are dead" et c'est l'une des découvertes les plus emballantes et singulières que j'ai pu faire sur Myspace ces derniers temps.
J'y entends aussi bien Phoenix que Fugu et Sharko, Ben Folds et les Beach Boys que Queen... façon Castorama, avec les vis pas bien serrées, les planches coupées de traviole et peintes à la bombe. Ecoutez son incroyable "Playmobil Todd", ou encore sa relecture très personnelle du "One More Time" de Daft Punk (renommée "Kids are dead") et vous aurez certainement envie comme moi de programmer votre prochaine virée surf sous le sunshine de la Lorraine.

lundi 19 mars 2007

Jolie Gaulle #3 : Clouer le bec de l'aigle noir



Charade :
- on place mon premier au dessus d'une ampoule pour tamiser la lumière
- mon second est une petite touffe de cheveux, souvent délibérément dressée sur le devant du crâne.
- les bébés mâchonnent mon troisième pour assouvir leur besoin de succion
- mon quatrième est le pendant du jour
- mon tout est un grand classique de la chanson française.

réponse : "l'aigle noir" parce que abat-jour/houpette/tétine/nuit.

Désolé.
C'est que tout propos contribuant à désacraliser Barbara m'est d'office sympathique.
Je n'aime pas la "dame en noir". Je suis irrité par son chant, monolithiquement grave, figé dans la posture de l'artiste maudit. Je conviens de la beauté de quelques-unes de ses chansons ("Göttingen", "Pierre" et une poignée d'autres), mais le plaisir que leur écoute pourrait me procurer est pollué par cette emphase, cette forme de sur-dramatisation grossière qui plombe le plus gros de son oeuvre. "L'aigle noir" est ainsi pour moi un des monuments de la chanson insupportable, ou au mieux , la fatigue ou le sommeil aidant, un sommet de drôlerie.
Ayant longtemps eu le sentiment d'être le seul à nourrir ces sentiments sacrilèges, je jubilai en découvrant, il y a une quinzaine d'années, les premiers enregistrements de Brigitte Fontaine datant de 1966, regroupés sur le CD "chansons décadentes et fantasmagoriques" (Disques Canetti).
Au milieu de ce disque en tous points délicieux, se cache la parfaite "Quand tu n'es pas là", qui règle en une minute et quarante secondes, sur un fastueux arrangement de Jimmy Walter, le compte de la chanson empesée "à la Barbara".

jeudi 15 mars 2007

Cochon plumé

Un aphorisme savoureux, signé Bernard Lubat, au sujet de l'implication des artistes.

"Il ne faut pas confondre impliqué et concerné :
Par exemple, dans les oeufs au bacon, la poule est concernée mais le porc est impliqué".

L'infinie sagesse de l'Autre



La sagesse d'un ami avec qui je discutais récemment de l'industrie du disque, des téléchargements illégaux, des modifications de nos rapports au disque :

Moi : "Personnellement, quand j'adore un disque, je vais me l'acheter…
Lui : - ben moi, quand j'adore un disque, je le remets…"

Pas mal.

dimanche 11 mars 2007

Top navrance #4 : un papa d'enfer



La première fois que j'ai écouté "L'handicapé" par Paulo et Suzy de Domoy, j'ai eu un choc : avais-je atteint le sommet de mon Anthologie de la Chanson Navrante ?
Ma quète allait-elle s'arrêter là, sur un slow blafard enregistré en Belgique ?
Je vous rassure tout de suite : la réponse est NON.
J'allais découvrir - contre toute attente - des chansons encore plus embarrassantes…
Il faut admettre qu'on est tout de même devant un sacré morceau, méritant largement sa place dans le haut du classement .
Comme bon nombre de pépites de la Navrance, cette chanson est avant tout une leçon de vie, un guide spirituel, pour les esprits à la dérive.
Vous pensiez que les handicapés méritaient moqueries, insultes et maltraitances, qu'ils n'étaient sur terre que pour nous faire rire avec leurs mimiques bizarres et nous piquer les bonnes places de parking au Champion ?
Vous vous fourvoyiez : en réalité, ils parlent, ils pensent (ils chantent même, visiblement) et ont besoin d'amour, comme vous et moi.
D'aucuns soutiennent qu'il en va de même pour les femmes, mais là je m'avance peut-être un peu, empiétant sur un chapitre ultérieur traitant des thèses hardies et à rebrousse-poil de Franck Michael...
En attendant, appréciez la subtilité de ce poignant duo, l'expressivité de cette guitare douloureuse, ce splendide "talk-over" truffé de rimes puissantes en guise de second couplet, et ce final grandiose où la morale de l'histoire se chante à l'unisson.
On notera le passage en mode majeur lors des interventions paternelles, soulignant la positivité du message délivré par le patriarche, contrastant finement avec le discours larmoyant de cette petite conne qui n'arrête pas de se plaindre.
J'ai malencontreusement perdu la chanson ornant l'autre face de ce 45 tours, qui s'intitule "rapt d'enfant" et qui condamne courageusement les enlèvements de mineurs.
Si vous parvenez à mettre la main dessus, je vous saurai vivement gré de m'en transmettre copie. D'avance merci.

lundi 5 mars 2007

Vaguement jumeau #3 : Sean contre Julien


Il existe à Bordeaux un groupe de guitar-pop nommé CALC, actif depuis une dizaine d'années et auteur d'une poignée d'albums pas mal du tout (quatre à ma connaissance).
Julien Pras, le chanteur/songwriter de la bande, est un mélodiste très habile, nourri au Sebadoh, au Lemonheads, au Pavement, visiblement marqué par Elliott Smith et dont le sens de la sinuosité mélodique peut rappeler les très bons Of Montreal.
Un garçon bien élevé, en somme.
Problème : Julien est français, chante en anglais et son papa n'est pas une popstar défunte.

En entendant récemment à la radio le par ailleurs fort joli "Dead meat" de Sean Lennon, je fus estomaqué par la ressemblance existant entre cette chanson et celles de mes petits bordelais (dont je vous propose ici le "Brest #4", enregistré en 2001, à titre d'exemple) : même pulsation ternaire sur des tempi proches, propension égale à "pousser" une voix un peu adolescente et nasale, à harmoniser en voix de tête, et surtout des progressions harmoniques d'une saisissante similitude.
La différence réside surtout dans l'accueil réservé aux deux chansons : Calc demeure pour les media un gentil petit groupe indé français qui singe avec plus ou moins de bonheur ses idoles anglosaxonnes tandis que Bébé Sean perpétue avec brio une tradition familiale d'excellence.

Reprenons…



Des reprises des Beatles, c'est pas ce qui manque.
Je viens toutefois de découvrir celle-ci, interprétée par l'immense Peter Sellers, qui me mit en joie et me remémora quelques délectables scènes de "Quand la Panthère Rose s'emmèle" (mon film préféré de la série).
J'eus également une pensée pour les Deschiens, qui quelques trente années plus tard, conquirent le public français avec des procédés comiques honteusement similaires (François Morel, tu es démasqué).

vendredi 2 mars 2007

Jolie Gaulle #2 : Adultère au donjon

Nombreux sont les lecteurs à réclamer davantage de sexe médiéval dans ces colonnes.
Soucieux de pourvoir à leur contentement mais désireux de maintenir un certain niveau de décence - j'oserai même dire "de classe" - sur ce blog, je livre aujourd'hui à vos bienheureuses esgourdes l'un des plus fastueux joyaux de la chanson comique de l'entre-deux guerre : "Les archers du Roy" de Georgius.
Gravée en 1922, cette ritournelle de cape et d'épée parvient à chaque écoute, Dieu seul sait pourquoi, à me faire frôler l'énurésie.
Je goûte en particulier la délicatesse avec laquelle la scène entre les amants glisse des plaisirs de la chair à ceux de la chère.
C'est beau, tout de même, la chevalerie…