vendredi 29 août 2008

Phase de mutant

Piano Phase est une pièce de Steve Reich écrite en 1967, impliquant deux pianos.
Ceux-ci jouent en boucle un motif mélodique de 12 notes assez preste, initialement à l'unisson, pour progressivement se décaler et créer graduellement le fameux et troublant effet de phase évoqué dans le titre.
Jouer des pièces de Reich requiert une concentration monstrueuse et une rigueur rythmique hors du commun... Il s'agit en effet de rester imperturbable dans son exécution et ne pas se laisser happer par la cadence du voisin, ni de trop rentrer dans les effets de la musique, sous peine de perdre pied.
Le pianiste Peter Aidu a trouvé un ingénieux stratagème pour ne pas se laisser distraire par un deuxième instrumentiste : il joue les deux parties lui même. Une main par piano.
C'est tout con mais il fallait y penser...



vendredi 22 août 2008

Nuggets de héron #1 : Grandaddy



Pour tenter de rendre cette fin d'été un peu moins tristounette, je vous propose de déterrer ces prochaines semaines quelques morceaux rares (démos, live, extraits de disques un peu difficiles à dénicher) de mon humble collection personnelle jetés en pâture à vos tympans voraces (mais délicats).
Les morceaux sont choisis en premier lieu pour leur qualité musicale, qui contraste étonnamment avec le rôle souvent secondaire (face B, rebut d'album, etc...) auxquel on les a relégués dans la discographie de leurs auteurs.
Première livraison avec deux morceaux des skaters barbus de Modesto, les regrettés Grandaddy, chantres de l'indie-pop lunaire, qui surent marier comme nul autre les Yamaha bon marché, les plaintes en voix de tête et les guitares velues.
Le premier morceau, Sarah 5646766, n'est disponible que sur "The Windfall Variety", un CD compilation vendu pendant les concerts de nos bûcherons neurasthéniques.
Il compte pourtant parmi mes tous préférés du groupe, avec sa belle mélodie mélancolique et son bon sens terrien..."It's happiness that matters anyway..."




L'autre est plus facile à trouver, mais vaut aussi le détour. Il met en évidence la filiation aux Pixies, notamment avec cet entêtant motif de guitare sur deux notes sur lequel est construit le refrain, tout en affirmant la désespérante "normalité" qui fait le charme du groupe. "Je vais pas bien" chantonne Jason Lytle, pas vraiment d'humeur à mettre ses deux pieds en canard c'est la chenille qui-redémarre...
"I'm Not Alright"...



jeudi 21 août 2008

Donne la papatte

A l'heure actuelle, si je devais faire tatouer le nom d'un groupe en lettres gothiques sur mon glabre poitrail, je crois bien que mon choix se porterait sur les inénarrables a.P.A.t.T.

En effet, si j'ai écouté un paquet de bons disques ces derniers temps, aucun ne m'aura enthousiasmé autant que "Black & White Mass", dernière parution en date de cet improbable collectif de Liverpool. Il faut dire que, conformément à la formule proposée par le groupe lui-même, aPAtT, c'est un peu une compilation des meilleurs moments de pas mal de mes groupes préférés, tous styles confondus. Précisons toutefois qu'a.P.A.t.T. ne pratique pas la fusion des genres, leur préférant la juxtaposition frénétique, le zapping furieux.
Un chroniqueur anglais écrivit d'ailleurs à propos de leur premier album ces mots qui résument fort bien l'esprit du disque :

"Mon lecteur CD indique 66 morceaux, la pochette du disque n'en nomme que 8, mais j'en ai entendu au moins 103 (à moins qu'il ne s'agisse d'une seule très longue pièce ?)"

Que dire d'autre à propos de cette bande de malades qui puisse vous convaincre d'aller découvrir leur musique ?
Tentons en vrac quelques arguments de poids :

- Ils ont des tenues de scènes faites maison (incluant parfois des chapeaux pyramidaux), dépourvues de manches, pour faire plus élégant.
- Ils sont entre 6 et 10, tous multi-instrumentistes, avec des surnoms assez drôles empruntés au lexique des studios (Norma Lize, The Count In, Master Fader, General Midi, etc...)
- leur musique est fourrée à l'accordéon, aux guitares électriques, au violoncelle et aux échantillons divers. Recours fréquent au "pitchshifting" (altération de la hauteur par des moyens numériques).
- Ils viennent de Liverpool (en même temps, ça ne s'entend pas).
- Ils ont sorti un EP téléchargeable gratuitement, sur le principe du mash-up, avec une super-pochette détournant un classique des années 80 (que je ne nommerai pas pour teaser grave, tant il est vrai qu'on aPAtT pas les mouches avec du vinaigre)
- Ils produisent des visuels raffinés tels que :
- leur nom se prononce "ape hat", tout connement, comme un chapeau en singe. Normal.
- leurs chansons peuvent faire penser, selon les cas, à Fantomas, aux Mothers Of Invention, Ween, Camper Van Beethoven, au Bonzo Dog Doo-Dah Band, au Soft Machine des débuts, aux Beastie Boys, aux regrettés Thinking Fellers Union Local 182 voire même au méconnu et néanmoins excellent Alec K Redfearn mais aussi à des trucs garage ou psychédéliques un peu barrés… Bref c'est bouillonnant, exubérant, à la fois grotesque et sublime...

Le groupe tournera en France en novembre (avec les autres barjots de Chops).
En attendant, goûtez-moi ça :

Apprentice Attention (extrait de Black & White Mass)





Firebird (extrait de Black & White Mass)





Notez par ailleurs que le truculent inédit "Fucking Hostile" est en téléchargement libre sur le myspace du groupe.

mardi 12 août 2008

Vaguement jumeaux #10 : Tim et Ian

Il me faut reconnaître que ce single du Flamand Tim Vanhamel (Millionaire, Evil Superstars, dEUS, Eagles Of Death Metal...) est loin d'être déplaisant.
On en oublierait presque les poses de bad boy Calvin Klein et le clip à la coule (genre j'suis trop un natural born killer dans ma teuté).
Mais soit : Le gars sait de toute évidence pondre des bonnes chansons et fait montre d'une versatilité peu commune.

Je ne puis toutefois m'empêcher de souligner la troublante similitude entre la redoutable popsong belge en question et l'oeuvre trop souvent mésestimée des faramineux Pale Saints, et notamment la chanson ci-après, intitulée "Throwing Back The Apple".

Si le beau Tim n'a jamais entendu chanter Ian Masters, je veux bien manger une fricadelle par le nez.