mardi 17 février 2009

Jolie Gaulle #8 : un été au poèle

quand le mazout touche son oiseau...

Il commença sa carrière dans la chanson sous le pseudonyme de Frédéric Dial. Ses dernières traces phonographiques sont parues sous la signature du terrifiant clown Poppy. Mais pour sa maman, l'officier de l'état-civil et toute une floppée de mélomanes anonymes, il reste à jamais Frédéric Lecoultre, auteur et interprète de quelques joyaux de la chanson intello comme Mac & Kate (sic), L'Habitat Urbain ou Si Tu Touches à Mon Oiseau.

Quand je fis, il y a une quinzaine d'années, la découverte de son 45 tours "J'ai un poèle à mazout", je logeais pour les vacances avec les membres d'un petit orchestre de musique de jeunes dont je faisais alors partie.
Nous avions fait l'acquisition de cette rondelle de vinyle dans une brocante, où nous avions également trouvé un excellent mange-disque, qui sonorisa nos soirées rosé/cacahuètes.
Le morceau eut tôt fait de nous terrasser par sa musicalité inespérée : trompettes à la Bacharach, basses à la Melody Nelson, fills de batterie à la Ringo Starr, textes à la con.
Galvanisés par ce chef d'oeuvre, nous tentâmes littéralement d'épuiser le disque, d'en extirper tout le jus, en le passant non-stop, jour et nuit. Au final (je dirais une soixantaine d'heures quand même) le disque se révèla plus endurant que nous. Mais chacun des auditeurs forcenés de cet été-là garde depuis lors, gravée pour l'éternité dans sa mémoire, la beauté de ces vers dignes de James Joyce :
"C'est le même que celui de Monsieur Raspoutine,
le barbu qui avait une verrue sur le cou
La chaleur de mon poèle te donnera bonne mine,
et j'en suis convaincu t'auras le feu aux joues"



Frédéric Lecoultre J'ai Un Poèle à Mazout (1971)

vendredi 6 février 2009

Nuggets de Héron #3 : M Ward

A l'heure où paraît son sixième album (le bel "Hold Time") sous les louanges d'une presse que j'eusse - en toute franchise - aimé voir se réveiller plus tôt, je vous propose de (re)découvrir deux vieux morceaux méconnus du bon M WARD, champion international de la ballade nocturne à ululer sous le porche, un verre de Southern Comfort sous la main.

Le premier est un extrait de l'album de Rodriguez ("Swing Like A Metronome") paru chez Devil In The Woods en 1999 .
A l'époque, Matt faisait partie de cet étrange trio, à la fois passionné par le rock oblique de Firehose et Sonic Youth mais aussi par quelques grands chantres du folk rural tels que Townes Van Zandt. Il y composait et chantait une bonne moitié des chansons, comme ce désarmant Teresa, qui contient l'une de mes rimes approximatives préférées de tous les temps : "you can cover it in mud / i will always think you're talented". Pour l'anecdote, le morceau est produit par Jason Lytle de Grandaddy...


RODRIGUEZ Teresa


Plus rare à dénicher, la chanson "Persuasion" ci-dessous était offerte par l'artiste aux visiteurs du site des Disques Mange-tout, label qui fit paraître ses deux premiers albums dans l'Hexagone.
La chanson provient, si je ne m'abuse, des sessions de l'album "End Of Amnesia". Elle en possède en tous cas la facture onirique et réconfortante.

M WARD Persuasion

mardi 3 février 2009

My Friend Goo

Heureux papa de deux jeunes garçons, je suis confronté au quotidien à l'existence de mondes culturels parallèles. J'ai ainsi acquis, ces dernières années, quelques rudiments en généalogie Pokemon, en assemblage de Mégazord, en chorégraphie Tecktonik, et même quelques prises mortelles issues de la tradition tortue ninja. Très vite, dans le cortège des divertissements juvéniles, la question du jeu video s'est imposée, avec son lot de questionnements éducatifs. Allais-je devoir sacrifier aux usages contemporains et doter mes têtes blondes de coûteuses consoles dernier-cri ? Combien de temps parviendrai-je à les détourner des jeux à succès promouvant la décapitation, la quéte effrennée de biens matériels, la fouille de string et les courses de dragsters en agglomération ? L'extermination virtuelle de soldats irakiens ou de zombies hongrois constitue-t-elle un passage obligé dans l'intégration sociale d'un jeune citoyen européen ? Ce sont quelques-unes des questions qui agitent mon frêle cerveau d'apprenti-éducateur.
A l'inverse, j'explorai sans grand enthousiasme l'offre des programmes pédagogiques proposés sur le marché et ses concepts fumeux, genre "découvre le patrimoine médiéval de ta région en résolvant des questions d'orthographe et des équations à deux inconnues posées par de très amusantes reproductions de peintres flamands".
C'est dans ce contexte, à la recherche d'une alternative aux combats de monstres mais aussi aux punitions cultureuses que je fis la découverte du jeu "The World Of Goo".
Il s'agit d'un logiciel créé par deux américains "indépendants", disponible sous PC, Mac et même dans une version développée pour la console Wii. Le programme est payant (aux alentours de 20$ pour un achat en ligne) mais on peut déjà s'amuser quelques heures gratuitement en téléchargeant le premier quart du jeu - sans rien débourser - sur le site des créateurs.
En un mot comme en cent, j'ai trouvé ce petit divertissement numérique génial, et pour le coup véritablement familial.
Il s'agit d'un compromis entre le jeu de construction, le circuit de domino et le puzzle, un hybride de Badaboum et de Lemmings, mettant à l'épreuve l'astuce et le sens de l'équilibre du joueur. Il faut, la plupart du temps, y construire des ponts, des passages ou des tours permettant la circulation de petites boules noires nommées "Goo balls" en prenant en compte les lois naturelles de la pesanteur, restituée avec un réalisme stupéfiant. C'est très simple à prendre en main, très sobre graphiquement, drôle, léger, et très convivial.

Alors certes, ça manque un peu de gunfight en Ferrari et de danseuses vampires lubriques, mais si vos rêves d'avenir ne ressemblent pas à des clips de Nadiya , ça pourrait bien vous faire marrer quelques heures...