mercredi 14 février 2007
Nuggets de Poulet
On parle beaucoup de lui en ce moment à l'occasion de la sortie de son film "Substitute" ( au sujet du footballeur Vikash Dhorasoo, éternel remplaçant de l'équipe française ).
Mais Fred Poulet n'est pas qu'un cinéaste décalé.
Il est aussi, par exemple, technicien-lumière dans le spectacle vivant (souvent associé aux projets de Seb Martel et sa tribu).
Et puis, surtout, c'est un formidable auteur-compositeur-interprète.
Intrigué, dès 1995, par ce mec qui intitule son premier disque "mes plus grands succès", je suis entré avec bonheur dans l'univers un peu cafardeux d'un artiste grinçant mais attachant, pour ne plus jamais en sortir.
Le garçon affiche un goût prononcé pour le mot (jeux sonores, calembours, procédés de construction quasi oulipiens) et une désinvolture désarmante, souvent drôle.
De ce premier disque paru chez Saravah (l'illustre maison de Pierre Barouh ayant notamment accueilli la Brigitte Fontaine des jours fastes), je vous propose deux extraits : le spectaculaire "à l'italienne" reposant sur un usage systématique de l'anadiplose (le mot savant pour "marabout/bout d'ficelle/…") et un morceau nommé "souris" plus allitératif mais surtout plus émouvant. On a beaucoup évoqué Bashung pour décrire Poulet. Pourquoi pas ? Poulet est en tous cas bien moins sibyllin et glacial, plus décontracté et probablement beaucoup moins perfectionniste, ce qui à mon sens ne le rend que plus bouleversant.
Faussement arrogant (mais "l'aplomb donne du poids à la plume"), véritablement génial, l'oiseau a fait paraître quatre autres albums ("encore cédé", "dix ans de peinture", "hollywood, baby" et plus récemment "Milan athletic club") en une bonne dizaine d'années. Il a abandonné progressivement le côté blues bancal et les productions "à l'arrache"de ses débuts, optant pour un decorum un peu plus classe, volontiers jazzy, mais toujours un peu poisseux. Il n'a en revanche rien perdu de son insolent talent, comme vous pourrez le constater si vous faites l'acquisition de son dernier album ou si vous parvenez à assister à l'une de ses trop rares apparitions scèniques. Allez, je vous en offre une petite dernière, en espérant que ça achèvera de vous convaincre…
P.S. : pour les aficionados, Arte a mis en ligne une chouette vidéo d'"electric fish", tirée de l'émission "Klang". Délectable.
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7 commentaires:
Courez voir Substitute !
A ne pas rater également Beau Catcheur : Fred Poulet et Sarah Murcia dans un formidable duo contrebasse-voix, autour d'adaptations de Julien Clerc, Brassens, Kraftwerk, Dalida, etc. Ils sont avec d'autres à la soirée Blah le 23 février à l'Espace 1789 de St-Ouen (http://www.espace-1789.com/Pages/FichesSpectacles/Spectacle32.html)
Merci pour l'érudition. J'utilisais le mot "concaténation", désormais ce sera "anadiplose".
Amicalement.
Et bonjour à Monsieur Burlot qui fréquente ce lieu.
Bashung n'est qu'un brouillon de Poulet. (Le qualifier de perfectionniste me semble assez déplacé.)
Je crois qu'on est d'accord, Flop.
Je parlais de "perfectionnisme" en ce qui concerne la production des enregistrements, terrain sur lequel Poulet se montre plus décontracté, en particulier sur les deux premiers disques, gardant volontiers des prises live un peu foireuses ou des morceaux qui ont tout l'air d'être à moitié improvisés (ex : "Réglisse"), chose que Bashung ne se permettrait pas. Je n'y vois évidemment aucun problème, le "perfectionnisme" pouvant vite tourner au laborieux. L'écriture de Poulet garde une fraîcheur et une intelligibilité que Bashung a eu tendance à perdre au fil des années.
ravi de vous trouver par ici, Maître Lucien… Je découvre en cette occasion vos propres blogs, tardivement mais avec grand joie ! je m'y rendrai désormais régulièrement...
Amitiés.
à l'attention de Lucien, à nouveau :
Nulle érudition de ma part, juste un bon dico à portée de main !
J'en profite pour signaler qu'une concaténation est un enchaînement d'anadiploses. C'est le cas d'"à l'italienne" et de "marabout"... vous étiez donc plus précis que moi !
Voilà, j'ai terminé avec les Maitre-Capélismes !
Merci pour l'accueil et la rhétorique et l'humour.
Le blog Anoir Eblanc dans sa première partie est donc concaténaire (ou concaténatoire).
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